Changement climatique : que font les intellectuels ?
La campagne présidentielle bat son plein, deux projets s'affrontent, du bas vers le haut, appelés « démocratie participative » par Ségolène Royal, et du haut vers le bas, « la France qui travaille » de Nicolas Sarkozy. François Bayrou tente d'émerger entre les deux sur fond de ni droite ni gauche, tout comme Le Pen qui joue l'homme invisible derrière sa fille, pour mieux tromper son monde. Une campagne qui joue petit bras, sans proposer une vision à moyen terme du monde, sans un véritable projet de société à la mesure des bouleversements qui nous attendent.
En effet, après nous avoir alertés depuis près de vingt ans, la communauté scientifique mondiale s'est réunie à Paris en janvier sous l'égide du G.I.E.C.. Chose rarissime, les scientifiques sont tous d'accord et, comme le dit si bien l' astrophysicien Hubert Reeves, ce n'est pas la Terre qui est en danger, mais la vie sur terre qui est menacée d'ici moins de 50 ans, et celai à cause de l'activité
humaine. Le réchauffement climatique est en marche, on peut seulement espérer en limiter les effets, à condition de se bouger dès maintenant.
La vie sur terre est donc menacée ? Pour autant, les principaux candidats sont tout juste approximatifs sur leurs intentions programmatique dans ce domaine, ils estiment avoir fait leur devoir en promettant un vice-Premier Ministre à Nicolas Hulot et en instaurant une taxe carbone. Cela n'est pas nouveau, le courage politique en matière d'environnement n'est pas une spécialité française, hormis les incantations chiraquienne jamais suivies d'effet. Non seulement le jugement des scientifiques est sans appel, mais il faut y ajouter les innombrables articles dans des revues diverses de la part de chercheurs sur la biodiversité, sur la destruction des ressources halieutiques, sur la déforestation, la fonte des glaciers sans parler de la crise de l'eau à
venir, et des innombrables pollutions et de leurs conséquences inconnues avec une prolifération de substances dignes d'apprentis sorciers. Nous sommes dans un monde déjà inégalitaire et injuste et nous fabriquons une société de destruction massive de l'environnement dans la quasi indifférence générale.
À ces alertes, il faut ajouter, le rapport de l'économiste Stern sur les conséquences économiques du réchauffement, évaluées à plusieurs dizaines de milliards de dollars, ainsi que la crise du pétrole, qui vient s'ajouter à cette « fête ». Le film d'Al Gore, Une vérité qui dérange, porte bien son nom. Que les politiques fassent la politique de l'autruche, ce n'est pas nouveau. La majorité des citoyens est d'abord préoccupée par le quotidien, la vie difficile, le chômage, le logement etc. La vie en 2050, c'est difficile à vendre.
À ces alertes, il faut ajouter, le rapport de l'économiste Stern sur les conséquences économiques du réchauffement, évaluées à plusieurs dizaines de milliards de dollars, ainsi que la crise du pétrole, qui vient s'ajouter à cette « fête ». Le film d'Al Gore, Une vérité qui dérange, porte bien son nom. Que les politiques fassent la politique de l'autruche, ce n'est pas nouveau. La majorité des citoyens est d'abord préoccupée par le quotidien, la vie difficile, le chômage, le logement etc. La vie en 2050, c'est difficile à vendre.
Mais la France, pays des droits de l'homme inventeur du mot «intellectuel », pays des philosophes des Lumières, celle des « Dreyfusards », des surréalistes ou bien celle des nouveaux intellectuels et révolutionnaires de Mai 68, où est-elle aujourd' hui dans ce débat ? Absente, tout simplement.
Le premier des droits de l'homme n'est_il pas de respirer, de boire et de se nourrir sans danger ? Que font les intellectuels les philosophes et autres sociologues dans leur rôle de guetteurs? Où sont-ils ? N'auraient ils que faire que la communauté scientifique prédise en quelque sorte la fin du monde ? La Nation est peut être en danger, le déclin de la France est peut-être économique, mais il est surtout celui d'une France tournée sur elle-même, d'intellectuels et de philosophes eux aussi en voie de disparition, incapables de s'engager, de produire la moindre réflexion, le moindre débat sur la nécessité de mettre au cœur du projet présidentiel le changement de civilisation qui nous attend.Les politiques ont leur part de responsabilités. Les écologistes, et notamment Les Verts, doivent également s'interroger sur la façon de faire de la politique et se remettre en cause. Pour autant, qu'ont-ils fait de si mal, sinon de promettre une société de sobriété où l'on consomme moins et mieux, où l'on ne gaspille pas ce qui n'est pas renouvelable afin de préserver la vie de nos
enfants sur terre ?La partie n'est pas facile, se prémunir d'un changement climatique sans précédent et prôner une juste répartition des richesses, cela devrait pourtant inspirer les intellectuels et philosophes. Si les B.-H.L., Glucksmann, Gallo et autres compères French Doctors se recyclent à droite, une nouvelle génération devrait surgir et prendre en charge intellectuellement ce défi. Les boat people de notre siècle, nous les connaissons déjà : ce seront les réfugiés climatiques de l'Asie ou de l'Afrique. Mais pas seulement : ce seront aussi des réfugiés européens, des agriculteurs sans outil de travail, car ce qui restera de la terre aura changé de nature. Même les dirigeants économiques réunis dernièrement à Davos sont inquiets du sujet ! Si Bush, ne veut pas signer le fameux protocole de Kyoto, pour autant dans de nombreux États ou villes des États-Unis la prise de conscience est en marche et des programmes ambitieux commencent à voir le jour. Voilà qui devrait au moins nous faire réfléchir sur l'évolution de notre société. Pourtant notre intelligentsia reste quasi muette sur le sujet ! Il est vrai que le climat n'est influencé ni par Dieu ni par Marx, et lutter contre l'effet de serre, ce n'est pas très romantique. Mais, depuis vingt ans, aucun rapport scientifique n'est venu contester la thèse du réchauffement climatique et celle de la crise de la biodiversité. Pourquoi faudrait-il attendre de nouvelles catastrophes ? Que faut-il de plus aujourd'hui pour que ceux qui ont accès à la connaissance, au savoir et à la pédagogie remplissent leur rôle d'éveilleurs de consciences ?
Gérard CHAUSSET
Adjoint Vert au Maire de Mérignac
Vice-président de la Communauté Urbaine de Bordeaux
Adjoint Vert au Maire de Mérignac
Vice-président de la Communauté Urbaine de Bordeaux
3 commentaires:
Sur cette question du réchauffement climatique, voici le communiqué de Yann Wehrling, porte-parole des Verts (24 janvier 2007) :
Energie : George Bush
se moque du monde entier
En annonçant la réduction de 20% de la consommation d’essence aux Etats-Unis en dix ans, George Bush se moque ouvertement du monde entier.
Depuis le début de son mandat, il n’a cessé de faire obstruction au protocole de Kyoto sur les changements climatiques expliquant au monde que le niveau de consommation d’énergie des États-Unis, premier contributeur de gaz à effet de serre, n’était pas négociable.
Outre le caractère purement incantatoire de sa promesse, comment le croire quand, dans le même temps, il refuse toujours de signer le fameux protocole ? Ne serait-ce pas là une manière de duper tout le monde et continuer de ne pas prendre le minimum d’engagement sérieux que serait la signature du protocole de Kyoto ?
Il n’y a par ailleurs aucun enthousiasme à avoir quand on comprend mieux son objectif, qui n’est pas de réduire la consommation d’essence, mais de remplacer une partie de la consommation d’essence issue du pétrole par de l’éthanol, dont nombre d’experts s’accordent à dire aujourd’hui qu’il n’a pas l’efficacité énergétique qu’on lui prête et que le développement de cette filière d’agro-carburants est à coup sûr beaucoup plus dans l’intérêt de grands groupes de l’agro-business que dans l’intérêt de la planète et de son climat.
Bonjour, Gilles Mahé,
Sur ce sujet du réchauffement climatique, voici quelques éléments, fort alarmistes, du rapport que doit prochainement déposer le GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat).
D'ici deux décennies, des centaines de millions d'êtres humains n'auront plus d'eau, tandis que des dizaines de millions d'autres seront chassés de chez eux chaque année par des inondations meurtrières... Les maladies tropicales comme le paludisme se répandront. D'ici 2050, on ne trouvera plus d'ours polaires que dans les zoos, leur habitat naturel ayant totalement disparu. Et si, dans un premier temps, il va y avoir abondance de vivres en raison de saisons de cultures à rallonge dans les régions du nord, d'ici 2080, des centaines de millions de personnes seront en revanche menacées par la famine.
S'il offre une lueur d'espoir, dans le cas où les pays prendraient des mesures radicales pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, le rapport note que ce qui se passe aujourd'hui n'est pas encourageant : "les changements climatiques affectent aujourd'hui les systèmes physiques et biologiques sur tous les continents" : modification des habitats naturels, mort des récifs coraliens, acidification des océans, augmentation des pollens à allergies...
Mais le présent n'est rien comparé à l'avenir. Bientôt, le réchauffement climatique "affectera la vie de chacun (...) et ce sont les plus pauvres qui seront le plus touchés", note Patricia Romero Lankao, du Centre national de recherches atmosphériques aux Etats-Unis.
"Nous sommes véritablement à la limite de l'extinction de masse" de nombre d'espèces, renchérit son collègue Terry Root de Stanford University.
Des centaines de millions d'Africains, des dizaines de millions d'habitants d'Amérique latine connaîtront des pénuries d'eau dans moins de 20 ans. D'ici 2050, plus d'un milliard de personnes en Asie pourraient se trouver dans la même situation. Et d'ici 2080, ces pénuries risquent de menacer entre 1,1 milliard et 3,2 milliards de gens, en fonction des niveaux de gaz à effet de serre.
La mortalité liée au réchauffement, entre diarrhées et malnutrition, devrait grimper d'ici 2030, avec l'augmentation des cas de paludisme ou de dengue.
En Europe, les petits glaciers disparaîtront, les grands auront considérablement réduit d'ici 2050. Et la moitié des espèces végétales d'Europe pourraient être vulnérables, en danger, ou auront tout bonnement disparu d'ici 2100.
D'ici à 2080, entre 200 et 600 millions de personnes pourraient souffrir de la faim, et 100 millions d'autres pourraient être victimes d'inondations chaque année en raison de la montée du niveau des océans.
Les continents frappés le plus durement seraient sans doute l'Afrique et l'Asie, ainsi que les îles et les pôles. L'Amérique du Nord, l'Europe et l'Australie seraient les plus épargnés.
Mais partout, "les styles de vie seront susceptibles de changer à cause du changement climatique", prédit le projet. Nombre de ces effets pourront être évités si le monde ralentit ses émissions de CO2 : "la plupart des impacts majeurs sur le bien-être humain pourraient être évités, mais certaines conséquences majeures sur les écosystèmes sont susceptibles d'avoir lieu".
Les écologistes ne sont plus les seuls à pousser un cri d'alarme : il est urgent que les politiques l'entendent !
Marco
Bonjour,
je vis en Allemagne et je constate ici une prise de conscience massive du problème depuis quelques années et plus particulièrement ces mois. La question climatique fait la une des médias, généralistes mais aussi économiques. Il y a ici un consensus, d'un bout à l'autre de l'échiquier politique, sur la nécessité d'agir, et vite. Je suis sidéré qu'un thème tellement essentiel soit occulté dans cette campagne électorale (de même que le thème de l'Europe mais c'est une autre histoire). Il faut de toute urgence rétablir la proportionnelle en France pour que le vote vert puisse s'exprimer.
Enregistrer un commentaire