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Gilles MAHE: 51 ans Marié, 3 enfants; Psychologue de l'éducation nationale Adjoint au maire d'Angers, chargé de l'environnement, cadre de vie et du suivi de l'agenda 21; Conseiller communautaire d'Angers Loire Métropole, chargé du suivi de l'agenda 21

mardi 5 juin 2007

Écologie et politique


Nicolas Hulot : premier bilan

Le premier bilan que l'on peut tirer de l'irruption de Nicolas Hulot sur la scène politique, il y a six mois, donne lieu à des controverses au sein des écologistes et des altermondialistes.
D'un côté, il y a ceux qui font le constat encourageant d'une prise de conscience croissante des enjeux planétaires du développement durable et du réchauffement climatique. Il est incontestable que la célébrité de Nicolas Hulot, sa connaissance des problèmes écologiques de la planète, et la sympathie qu'il suscite en tous milieux, constituent autant d'atouts précieux pour éveiller ou renforcer la conscience écologique. On peut donc comprendre que des écologistes et altermondialistes aient pu être tentés de monter dans le bon wagon et de contribuer ainsi, à une large échelle, à la popularisation de thèmes que Les Verts seuls sont trop faibles pour défendre efficacement. Il y a là un effet du genre du prétendu "vote utile" en faveur de Ségolène dès le premier tour. Mais cela ne va pas sans quelques risques et confusions.

D'autres au contraire ont vu en Nicolas Hulot le fossoyeur de l'écologie politique, dans la mesure où il a pu faire croire que n'importe qui pouvait mener une politique écologiste, y compris Sarkozy, pourtant le plus mal noté des candidats à la présidentielle par les associations environnementales. Du coup les écologistes militants, et le parti des Verts, ont pu se sentir à juste titre délégitimés et privés de ce qui fait leur raison d'être aux yeux du grand public. Si le résultat de l'irruption du gentil Nicolas, c'est le 1, 57 % de Dominique Voynet et le grand ministère en trompe-l'œil de Juppé, il n'y a pas en effet de quoi pavoiser. Les plus critiques à l'égard de l'animateur de TF1 lui ont adressé une lettre ouverte en forme de pétition, qu'il est possible de signer en ligne : http://www.pacte-contre-hulot.org/.

Ils lui enjoignent de se "retirer de l’écologie politique" à laquelle il a "fait plus de mal en un an que toutes les forces productivistes, droite et gauche confondues, depuis les années 1970, lorsque l’écologie est entrée en politique". Bigre ! Et de préciser :
"Bien sûr, vous êtes avant tout le produit des forces qui vous manipulent : E. Leclerc, L’Oréal, Bouygues, TF1, et, plus largement, les multinationales qui vous financent, mais aussi la droite néolibérale de Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas à votre personne que nous en voulons, mais à l’offensive idéologique dont vous êtes le cheval de Troie le plus abouti. Vous incarnez de manière pratiquement parfaite la capacité du néolibéralisme à digérer sa contestation et à semer la confusion chez ceux qui lui résistent. Vous êtes d’autant plus efficace que vous en semblez totalement inconscient. L’idéologie dont vous êtes le vecteur conduit à dépolitiser l’enjeu écologique et la réflexion sur le productivisme. Elle amène à penser que la société de consommation ou le néolibéralisme sont compatibles avec la préservation de la planète.

Vous déclarez vouloir transformer la société de l’« intérieur », mais vous abusez vos contemporains. Vous leur parlez en fait de l’intérieur des sociétés multinationales qui vous financent et non de l’intérieur de la démocratie. Votre totale inconscience du jeu des rapports de force politiques vous conduit à rejeter dans une position extrémiste ceux qui s’engagent à faire reculer démocratiquement le danger que font peser les multinationales sur notre société, notre démocratie et notre environnement. Votre discours de consensus, en fait fusionnel, recouvre un véritable déni du politique en refusant un clivage entre le pouvoir et l’opposition, pourtant consubstantiel de la démocratie.

Votre mission a été un succès au-delà des espérances de ses initiateurs : toute une partie de la gauche, la candidate des Verts à la présidentielle, le candidat des altermondialistes, et même un hebdomadaire de gauche critique, ont foncé tête baissée dans le piège, sidérés par votre puissance médiatique. Vous avez réussi à brouiller les cartes bien au-delà des écologistes et de la gauche en diffusant une vision consumériste du rapport à la nature grâce à de puissants relais médiatiques et économiques."

Conclusion sans appel : "Alors je vous le demande : pour la planète, mais surtout pour ses habitants, s’il vous plaît, retirez-vous au plus vite. Vous avez fait assez de tort, assez de mal."

Pour les écologistes et les altermondialistes, la question reste donc posée : comment rentabiliser au mieux la capacité de Nicolas Hulot à populariser des analyses qu'ils peinent à faire admettre au grand public, sans pour autant risquer d'être récupérés par les multinationales et de faire le jeu de politiciens sans scrupules tels que Sarko ?
P. M.

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